Chat, la discrète

La peur est devenue mon quotidien dans cet hôpital. J’ai peur des blouses blanches avec leurs yeux laiteux dénués d’humanité. J’ai peur des longs couloirs sans fin où tout peut arriver. J’ai peur des pas boitillants que j’entends parfois et qui semblent décider du trépas d’un patient (que j’espère toujours égoïstement ne pas être moi). J’ai peur de tous les autres patients, même de ceux qui semblent sains d’esprit. J’ai toujours l’impression qu’ils cachent quelque chose…
Mais ce qui me fait le plus peur, c’est le fait que je commence à douter de ma propre santé mentale. Ai-je tellement perdu l’esprit que je ne sais même plus que je suis folle ? Cette pensée m’empêche souvent de dormir. Peut être que tout ceci n’est qu’un cauchemar ou une invention de mon esprit torturé. Dans ce cas, je suis même plus folle que tous les résidents de cet hôpital. Mais je chasse vite cette idée de ma pensée, car tout ce qui m’arrive ici semble bien trop réel pour être seulement imaginé.

J’ai trouvé un groupe de personne avec qui je reste la plupart du temps. Bizarrement, je leur fais plus confiance qu’aux autres, mais peut être suis-je trop naïve ? Ce qui est sûr c’est que je ne pourrais pas m’en sortir seule, alors autant se serrer les coudes. D’ailleurs, ils m’ont donné un surnom : Chat. Je ne pense pas qu’ils comprennent à quel point ça m’a soulagé : je ne supportais plus ces numéros qui me donnaient l’impression d’être un simple objet dans un inventaire.

Vivement qu’on trouve un moyen de sortir de cet hôpital...